-
Cliff Burton -
"To live is To Die"
Voici en exclusivité sur SND
le récit des derniers instants de Cliff Burton, figure "bassistique"
emblématique des trashers de la Bay Area.
Cliff
Burton est né le 10 Février 1962 à San Francisco. Comme
beaucoup d'adolescents, il voue à la musique une passion sans bornes
et se fait les doigts au sein de nombreuses formations locales, aussi médiocres
qu'éphémères. Ses goûts le rendent néanmoins
atypique de par son attirance pour le classique (Bach) et la littérature.
Fils de hippies, il étudiera même le piano avant de lui préférer
la quatre-cordes.
Débauché de Trauma par Ulrich qui le harcelait de coups de fil
tant sa virtuosité était impressionnante, Cliff rejoint les
rangs de ce nouveau groupe de boutonneux californiens qui se fait appeler
"MetallicA" et effectue dans la foulée sa première
performance scénique de Horseman dans un petit club de San Francisco
(The Stone) le soir du 5 mars 1982.
Quelques mois plus tôt, les Mets avait évincé son prédécesseur
Ron Mc Govney, dont la motivation semblait à bout de souffle et ralentissait
les projets d'expansion de la bande d'Ulrich. Burton insuffle alors de l'oxygène
pur dans les poumons encore frêles de ce qui allait devenir la plus
grosse créature "Metal" de tous les temps.
Renommée grandissante, enregistrement de démos, figuration sur
la compile "Metal Massacre"... Le succès s'amorce et Cliff
semble en avoir été le déclencheur. Incontestablement,
son style si particulier, sa façon de remuer sa chevelure en concert,
ses vieilles tenues de jean usées et délavées et l'excellence
de son jeu contribuent, encore aujourd'hui, à nourrir sa légende.
Aux antipodes de l'énergie et de l'agressivité qu'il laisse
entrevoir en jouant, Burton est un "bon gars", pacifiste et réfléchi,
doté d'un grand sens de l'humour et d'un charisme troublant.
27 Septembre 1986...
Après un
concert à Stockolm aujourd'hui légendaire,
les membres du groupe regagnent leur bus de tournée afin de se blottir
aux creux de leurs couchettes tandis que le véhicule effectuera pendant
leur sommeil le long trajet devant les mener à Copenhague. A bord,
les 4 Horsemen, Flemming Larsen (assistant "batterie"), John Marshall
et Aidan Mullen (assistants "guitare") et le tour manager Bobby
Schneider s'assoupissent paisiblement. C'est à un chauffeur anglais
engagé pour la durée de la tournée scandinave qu'incombe
la lourde tâche d'emmener la troupe à destination.
Vers 6h30, alors que le véhicule approche des environs de Dörap,
les Mets sont réveillés par un choc d'une extrême violence.
Le constat est alors ennuyeux mais pas encore dramatique : Le bus repose sur
son flanc.
Qu'est-il advenu?
John
nous donne sa version :
"Nous étions sur une route à deux voies. Le bus s'est
déporté vers la droite et je pense que le chauffeur a contre-braqué
pour nous ramener sur la chaussée. L'arrière du bus glissait
et nous partions en tête-à-queue. Nous nous sommes alors réveillés
et j'ai été éjecté de ma couchette. Le car a alors
roulé dans la boue qui jonchait les bas-côtés puis s'est
retourné."
Ballotté, secoué, retourné... chacun y va de sa blessure.
Schneider se casse deux côtes et Lars se fracture un orteil. Kirk, assommé
et l'oeil tuméfié, reprend conscience et se fraye un chemin
par le biais d'une trappe latérale de secours. Dehors, ses yeux s'écarquillent
à la vue de Cliff. Son corps est inerte, à demi-recouvert par
le bus. La vie a abandonné le bassiste surdoué mais Hammett,
encore sous le choc ne réalise pas.
John :
"Cliff dormait en haut de la couchette arrière droite, et je
pense qu'il a été projeté contre la vitre. Quand le véhicule
s'est alors couché, il était à moitié dehors et
a été écrasé."
Les couchettes s'étaient renversées comme des dominos, chancelant
les unes sur les autres et s'entassant en ce qui ressemblait à un amas
d'immondices. Mullen et Larsen, qui avaient également dormi dans des
couchettes du côté droit, restèrent prisonniers des décombres
et de la ferraille jusqu'à l'arrivée des pompiers. Les 3 plus
longues heures de leurs vies...
"Quand
le bus s'est arrêté, j'ai entendu un bruit qui ressemblait à
de l'eau. J'avais peur que nous ayions atterri dans une rivière et
que nous y soyions à mi-hauteur. Mais le bruit était juste celui
du moteur qui continuait de tourner."
En quelques minutes, John et le groupe s'extirpent de la machine.
"Nous restions là, abasourdis, en sous-vêtements et chaussettes
par moins 20 degrés. Kirk et Jaymz hurlaient sur le chauffeur."
Au bout d'un moment tout le monde comprend que quelque chose ne va pas
avec Cliff.
"Je me souviens de Jaymz, errant sur la route à la recherche de
glace pouvant justifier la version du conducteur qui affirmait avoir dérapé
sur une plaque de verglas. Kirk, lui, pleurait comme un gosse".
Schneider, tour manager de la formation demande alors que le groupe se rassemble
pour repartir à l'hôtel.
Jaymz explose :
"Le groupe? Il n'y a plus de groupe. Le groupe n'est plus le groupe.
C'est juste trois types!"
De retour à l'hôtel les 3 Horsemen noient leur peine et leur
colère dans ce qui est pour eux un refuge coutumier : l'alcool. Ivre,
Jaymz cassent deux fenêtres et déambule devant l'hôtel
en slip, hurlant à Cliff de revenir. Effondrés, Kirk et John
dorment cette nuit là toutes lumières allumées.
Deux jours plus tard, "trois types" sont
de retour au pays de l'oncle Sam...
Greg,
Webmaster
22 Septembre 2004